Si l'on doit nommer le plus influent des saxophonistes ténors des trois dernières décennies (excluons d'emblée Wayne Shorter, d'une classe à part), un nom vient en tête: Michael Brecker, mort samedi à New York.
Âgé de 57 ans, il était marié et père de deux enfants. Au cours des dernières années, les jazzophiles avertis savaient le musicien très malade: il souffrait du syndrome myélodysplasique, une maladie de la moelle osseuse qui nuit à la production de cellules sanguines. Chez Brecker, cette maladie insidieuse a progressé en leucémie. Il avait d'ailleurs fait l'objet d'une transplantation de moelle osseuse.
En langage scientifique, on évoque des «aberrations chromosomiques» accompagnant le syndrome myélodysplasique. Pour les fans et collègues de Michael Brecker, il s'agit certes d'une aberration jazzistique pour ne pas parler d'une disparition aussi tragique que prématurée.
New York -- Le saxophoniste de jazz Michael Brecker, lauréat de 11 prix Grammy au cours de sa carrière, qui a côtoyé les plus grands de la scène du jazz et de la musique populaire, s'est éteint samedi à l'âge de 57 ans.
Brecker est décédé samedi 13 janvier dans un hôpital de New York des suites d'une leucémie, a annoncé son gérant et ami Darryl Pitt.
Au cours des récentes années, le saxophoniste souffrait d'un syndrome myélodysplastique, une maladie de la moelle osseuse qui nuit à la production de cellules sanguines. Cette maladie peut ensuite progresser en leucémie.
Michael Brecker a joué avec des nombreux artistes de jazz et de la musique pop, dont Herbie Hancock, Horace Silver, Joni Mitchell, Paul Simon, Frank Zappa et Pat Metheny. Son dernier enregistrement, Wide Angles, lui avait valu deux prix Grammy en 2004.
Sa technique a été souvent imitée et son style est étudié dans la plupart des écoles de musique. Selon la revue Jazziz, il a été «sans conteste le ténor le plus influent des 25 dernières années».
Malgré la maladie, Brecker est parvenu à enregistrer un dernier album, dont le titre n'a pas encore été trouvé. Il l'a complété il y a deux semaines à peine. Selon
M. Pitts, le musicien était très enthousiasmé par ce dernier opus. «En plus de l'amour de sa famille et de ses amis, ce dernier projet l'a aidé à survivre. Cet album sera un bijou de plus à sa collection.»
Brecker est né à Philadelphie en 1949 dans une famille de musiciens. Il a appris la clarinette et le saxophone alto avant de passer au ténor, influencé par la musique du légendaire John Coltrane.
En 1970, il a fondé le groupe Dreams, qu'il a quitté pour joindre son frère Randy, un trompettiste, au sein du quintette du pianiste Horace Silver. Ils ont tous deux fondé le groupe de jazz fusion des Brecker Brothers. Le saxophoniste a ensuite formé un autre groupe qui a marqué la scène du jazz-rock, Step Ahead, en compagnie de Mike Manieri, Eddie Gomez, Steve Gadd et Don Grolnick.
Il a réalisé son premier enregistrement à titre de leader en 1987, un album éponyme qui lui permis de rafler le titre «Album de l'année» des revues Down Beat et Jazziz. Il a donné de nombreux spectacles à Montréal.
Sa lutte contre la maladie l'a incité, lui et les membres de sa famille, à encourager la population à s'enrôler dans des programme de donneurs de moelle osseuse. Il a lui-même fait l'objet d'une transplantation qui «n'a pas fonctionné aussi bien que prévu».
La maladie l'a souvent empêché de jouer de la musique, mais son implication pour encourager les gens à faire des dons de moelle osseuse a donné un nouveau sens à sa vie . «Cela ne vient pas naturellement. La composition et la musique me manquent, avait déclaré Brecker en 2005. Cette expérience m'a permis d'attirer l'attention des gens vers une cause plus importante que ma personne.»